Je pourrais vous en parler des heures, mais je vais essayer d’aller plutôt à l’essentiel.
César ne va plus à l’école depuis maintenant 4 semaines, en comptant les dernières vacances scolaires. Ce qui fait que nous passons tout notre temps ensemble. Et je fais tout avec lui. Ça ne me dérange pas le moins du monde, au contraire j’adore ça, finalement c’est plutôt les autres que ça dérange en général. Pour l’instant, je ne peux pas vraiment donner de retour quand à mon ressenti, puisque c’est tout nouveau, nous nous découvrons une seconde foi, nous apprenons l’un de l’autre et c’est passionnant!
C’est assez drôle, car en le retirant de l’école, c’est moi qui apprends. J’apprends tellement chaque jour avec lui, c’est presque déstabilisant.
Depuis quelques temps, je me penche sur la parentalité positive, valoriser ses enfants, ne pas les rabaisser et apprendre à les écouter, rassurer… Finalement tout ça je ne connaissais pas vraiment, j’étais resté dans des méthodes plutôt simple, mais j’y reviendrai dans un article plus complet.
Mais je crois que ce que j’apprends le plus en ce moment c’est le lâcher prise. Et c’est de loin, pour moi en tout cas la chose la plus difficile sur laquelle j’ai travaillé depuis des années. J’ai une fâcheuse manie de vouloir tout contrôler. C’est plus fort que moi, il faut que rien ne m’échappe et que tout soit comme je l’ai imaginé.
Bien entendu, la vie ne se passe pas comme ça et j’ai envie de dire heureusement !
Et avec le nain, encore moins.
Force est de constater que je ne pourrai pas toujours être là pour le protéger, ni, fatalement, lui éviter de souffrir…
Je ne pourrai donc pas lui éviter la peur ou encore la tristesse.
Le lâcher prise ici consiste à moins l’encadrer, à le laisser faire ses propres expériences seul, sans que j’intervienne, ou angoisse qu’il se blesse, tâche, casse, trébuche, déchire, ou je ne sais quoi, à ces moments tout me passe par la tête !
Et c’est vraiment très dur…
Mon lâcher prise, va consister à arrêter d’imaginer le pire, et de perdre cette fâcheuse manie de « mode contrôle ».
Ne pas anticiper ses gestes ou agissements et le laisser essayer par lui même en l’accompagnant si il le désire.
De cesser de culpabiliser si quelque chose arrive et que je n’ai rien pu ou su faire.
Éviter de le surprotéger afin que son estime de soi se développe et se construise grâce aux échecs, efforts et réussites.
Ne pas lui transmettre la peur d’agir, qui l’empêchera d’explorer le monde et ses propres limites.
C’est lui faire confiance et le laisser tester ses solutions pour parvenir à ses fins.
C’est l’aimer et lui faire confiance.
Et c’est aussi le valoriser en lui donnant les clefs pour se sentir utile.
Oui, mais…lâcher prise, c’est difficile car je ne sais pas si ce sont des croyances, une éducation ou une société qui nous ont formaté, mais les habitudes ont la peau dure!
Souvent quand on parle de lâcher prise autour de nous, on pense (à tort) que je laisse mon fils faire ce qu’il veut et que de cette manière j’en ferai un sauvage (en gros). Or lâcher prise ne veut pas forcément dire laxisme, mais plutôt autonomie et c’est pour moi la plus belle chose que je puisse lui offrir.
Oh rassurez vous, je suis loin de la perfection, il m’arrive encore de crier, et de ne pas forcément avoir envie d’expliquer tout le temps, mais j’y travaille chaque jour.
J’essaie de prendre le temps pour lui dire pourquoi je prends telle ou telle décision, pourquoi des fois je suis triste ou heureuse, combien j’aime qu’il soit à mes côtés et je vois clairement que ça fonctionne, j’ai l’impression que lui aussi est plus à mon écoute.
Par exemple, cette semaine, nous avons fait de la peinture. Nous avons ouvert une vieille toile cirée sur le sol puis nous avons sorti les peintures.
Je vous fait le scénario que j’avais l’habitude de faire et mes phrases toutes confondues que je pouvais lui sortir :
Je sors les peintures, je les mets MOI mêmes dans les récipients.
Je lui donne tant de feuilles et pas plus.
Les pinceaux, un par couleur, ne surtout pas les mélanger aaaarghhh !
– Stop, il y’a assez de peinture, après c’est du gaspillage
– Non, il faut rincer avant de mettre sur ta feuille sinon tu vas trop mouiller le papier
– Tu veux déjà changer de feuille, mais il reste plein de place !
– Attention tu en mets sur tes mains là
– ton pantalooooon
– Alors tu veux dessiner quoi? Un chat? Une voiture? Une montgolfière?
J’en ai des caisses de ces phrases merdiques. Oui merdique le mot est juste, car, sans le vouloir, comme une grande, j’enfermais mon fils, dans des règles et des principes qui allait brider son imagination et sa créativité, il n’avait pas le temps de penser ou réfléchir que je le faisais à sa place, pas de possibilité de déraper ou laisser aller, jouer, tester, imaginer… Quelle tristesse quand on a 4 ans et que l’on a besoin de faire des expériences !
Alors, j’ai fait moi aussi mon expérience, j’ai tout de même étendu ma nappe (faut pas déconner non plus) et voilà ce que j’ai fait :
Premièrement, je l’ai changé entièrement avec des vêtements qui peuvent être tâchés, comme ça pas de stress. On a attaché les cheveux et mis une blouse de peinture (je ne suis pas encore au top mais j’y arriverai!)
Je l’ai laissé prendre les peintures et laisser les mettre seul dans les récipients, j’ai un peu serré les dents quand il a versé des quantités astronomiques et je l’ai félicité, son sourire parlait de lui même.
Il a choisi ses pinceaux, rempli l’eau pour rincer, et mélanger les couleurs comme il en avait envie, il a fini par les étaler avec les mains, je le voyais glousser comme une poule. Ça m’a rendue heureuse et fière.
Puis, voyant que c’était jour de fête il a commencé par se peindre le petit doigt (tiens maman se marre, je vais continuer alors…) puis les mains, pour finir par se passer les bras au rouleau, ultra concentré et je dois l’avouer m’a bien fait rire ! J’ai pris sur moi, car je me demandais si la gouache partait dans la douche et si il avait les bras rouges pendant 3 jours ??
Arf… ce lâcher prise !
J’ai réussi ! Haut la main, on a rincé les bras dans l’évier d’abord (y’en avait partout, mais j’ai rien dit) puis on a fini à la douche, tout est parti impeccable, et j’avais un petit garçon tout fier des ses expériences. Moi aussi d’ailleurs.
Le soir, au moment du câlin, il m’a prise dans ses bras et m’a serré fort, et il m’a dit : j’ai adoré faire la peinture avec toi maman aujourd’hui ça m’a rendu heureux.
J’avais tout gagné.
Et vous c’est quoi vos astuces ?
Bande de couillons, vous allez me faire chialer! 🙂
Joli article, quel artiste César !
le lâcher prise n’est en effet pas évident, je suis en plein dedans aussi, trouver la manière par laquelle je peux diminuer cette soif de contrôle alors que pauvres gosses finalement ils découvrent la vie.
Et ton article est une bonne piste et va me pousser à me remettre en question merci 🙂
J’essaie d’apprendre la parentalité positive en le valorisant, et en cessant les punitions ou en arrêtant de râler (je suis une grosse râleuse exercice donc difficile), et puis finalement je vois que cela marche. Un enfant fier de lui, autonome qui va explorer encore plus loin. (sans parler l’arrêt de la télé qui l’a totalement métamorphosé dans sa façon de vivre et d’agir). Quand j’ai des « crises de contrôle » je prend sur moi, et je me demande si finalement, c’est bien grave.Et finalement tout le monde s’en trouve plus épanouis.
belle journée !
marie
Ah ce fameux lâcher prise, c’est si difficile ! Mais dès qu’on a essayé une fois, le reste vient naturellement 🙂 Le week-end dernier, ma petite revenait de balade et elle voulait garder ses gants. Elle voulait une tartine, et sa grand mère insistait pour qu’elle enlève ses gants pour manger. Finalement c’est ça le lâcher prise : c’est dresser mentalement la liste de ce qui est VRAIMENT important, là tout de suite. Est-ce que c’est important, qu’elle enlève ses gants pour manger un morceau de pain ? Si c’est pas pratique, elle le verra bien elle-même, non ? Et j’ai laissé manger la tartine avec les gants.
C’est se demander, constamment, si ça vaut le coup de créer un conflit. Des règles de sécurité, d’hygiène évidente, ok : on ne boit pas du pipi et on ne joue pas avec les allumettes. Mais le reste, est-ce que c’est important ? C’est vrai, la maison va être crado. Mais quand on se retrouvera comme des vieux cons parce qu’ils seront tous partis, on aura bien le temps de nettoyer 🙂
Roh, j’en pleure tiens. Malin. Je me rends compte grâce à toi que je lâche vachement prise avec mon fils. J’encadre. C’est tôut. Et je mets tout en œuvre pour ne pas mettre trop de limites (comme mettre des habits sales pour ne pas dire » tes habiiiiits » . J’aime tellement TELLEMENT voir son sourire ravi quand il réussi à faire quelque chose 🙂
Si tu ne connais pas je t’invite a lire cet article: http://minusculeinfini.com/2016/01/21/les-arts-plastiques-selon-lapproche-reggio-ou-lart-de-ne-pas-faire-du-bricolage/ je pense que tu aimeras ce blog!
Mais qu’est ce que je te dis merci pour cet article parce que je suis pas du tout une pro du lâcher prise mais au fur du temps je suis bien obligée de m’y mettre. A la sortie de ma première hospit’ j’étais tellement naze que la j’ai commencé a lâché prise parce que je ne pouvais plus tout gérer, a ma seconde hospit’ la j’étais au bout du bout et bien je la laissais faire ses expériences par elle même. Maintenant que ça va un peu mieux ben je me rends compte qu’elle est supere éfficace, éveillé et surtout autonome, normal j’étais pas tout le temps derriere elle. Et puis Add fun and mix a raison quand on s’ra des vieilles connes on aura le temps de ranger^^
Je me retrouve totalement dans ton article même si nous sommes à fond dans la parentalité positive depuis maintenant 2 ans et demi, mais le lâcher prise c’est quelque chose, nous sommes tellement conditionnés, et c’est bien dommage car nous passons à côté de plein de beaux moments. Concernant la desco de ton fils, je te conseille de voir si ce n’est pas déjà fait le film « être et devenir » ou lire Arno Stern. Sinon concernant l’autonomie il y’ a Montessori, sans parler matériels mais plutôt en regardant du côté de « l’ambiance ». Bref j’ai découvert ton blog et je pense te suivre encore longtemps, car on se sent seule dans cette « nouvelle » éducation malheureusement encore mal vue par certains, mais les mentalités change, le changement se fait petit à petit.
Bonjour! J’aime bien ce que tu racontes. Moi le unschooling j’ai fait et je fais mais c’est non choisi (l’école ici ne commence qu’à 4/5 ans) et je t’avoue que j’attends avec impatience l’année prochaine. Par contre cette histoire de lâcher prise, de laisser vivre les expériences toussa quoi, ça me parle vraiment. J’y travaille. C’est dur, mais j’y travaille. Bonne journée !
Pour une fois, ça m’a fait mal au cœur de te lire.
Parce que les phrases en caca, c’est exactement moi. J’arrête pas de dire à ma fille qu’elle est un petit cochon. Un petit cochon mignon, mais un petit cochon quand même. Et je me crispe des orteils aux sourcils quand je vois l’état de la table après chaque repas et chaque activité créative.
Pourtant, c’est toi qui a raison. Je le sais.
C’est pour ça que j’ai mal au cœur de te lire, pour une fois.
(Heureusement que César est là pour me faire glousser de rire, au final, avec sa bouille concentrée et son rouleau.)
Se peindre les mains bras corps ou se tatouer au feutre est une activité très répandue ici !
Ca ne m’a pas posé de problème quand ca ne dépasse pas les propres limites c’est à dire qu' »il n »y en a pas partout !
je ne veux pas avoir trop de boulot supplémentaire quand même…
J »installe aussi une vieille toile cirée qui est rangee avec les peintures (facile à retrouver donc) et je demande à ce qu' »il n »y ai pas des quantités trop énormes de peinture versées dans les vieilles assiettes en plastique qui servent de palette (1 pour les couleurs claires et une autre pour les couleurs foncées)
Mais il est vrai que j’ai parfois « la flemme » de proposer que on on fasse de la peinture ayant trop de « corvées du quotidien à faire…. et ca c »est dommage…
Parce que effectivement les enfants sont souvent très heureux de faire ca !
Je me pose souvent les mêmes questions que toi : est-ce si grave si elles se salissent, sil elles en mettent partout, si elles ne mettent pas les bonnes chaussures, si elles ne se brossent pas les dents correctement… J’en viens parfois à des moments où je me fatigue moi-même et je m’interroge aussi sur mes pratiques pédagogiques à l’école. Je crois qu’on ne peut pas toujours arriver à lâcher prise, mais qu’il faut essayer de le faire quand on s’en sent capable. Quand on a la force de tolérer que ça dérape. Je me rends communique mon stress aussi et c’est vraiment difficile à gérer…
Ton expérience donne envie
Je sais tellement que je n’ai pas fait tout ça. Pour plein de « raisons » différentes mais quand même…
On a toujours dialogué, expliqué, encouragé. C’est déjà ça, hein ?!
César a beaucoup de chance.
Bisous
Je pense que si nous les aimons, sincèrement, le plus honnêtement du monde en se gardant d’être trop dans le jugement c’est déjà énorme ! Merci ma belle. Bisous.
Tu as tout à fait raison, j’ai des élèves qui ne savent rien faire si ils ne sont pas guidés et tout apeurés quand je réponds « C’est toi l’artiste » à leur demande quand ils s’agit de créer. C’est triste non?
Bon à l’autre bout j’ai une copine qui rigole de son 4 ans qui fait caca par terre au salon car c’est son choix et qu’il découvrira lui même qu’il faut mieux s’isoler… (mais c’est elle qui ramasse!)
haha en effet chacun ses limites !
J’a i trouvé ce livre cela m’a fait pensé à ton expérience j’ai pensé que ça te plairait.
– Libérons la créativité de nos enfants de Marie Gevais
ha super je le note, je ne connais pas!
Merci pour ces mots
On est au tout début de la route ici, celle où il nous faut choisir quel genre de parents on a envie d’être face au petit être têtu qu’on a mis au monde..
Je lis de plus en plus de choses sur la parentalité positive, ça sonne juste.. Restera à pratiquer, à déconditionner, et à convaincre Zhom
Mais finalement, est-ce que sur ça aussi, il n’est pas important de lâcher prise? Sur nos bourdes de parents, nos mots-caca, nos nerfs en pelote parfois? Je me dis que ça aussi, nos enfants auront à l’apprendre, qu’on n’est que des humains, et qu’on fait comme on peut, avec tout notre amour, et toutes nos failles..
Avec plaisir Primi. Oui c’est sûr il y a à en prendre et à en laisser, mais justement n’oublions pas que nos bourdes de parents (je parle de grosses bourdes répétitives hein) ébrechent un peu nos enfants. Pour l’avoir vécu enfant, ma mère était quelqu’un d’aimante mais de sèche et directive, j’ai encore beaucoup de blessure aujourd’hui.. Mais bien sur nous avons de l’amour c’est ce qui est le plus important
Je n’ai réussi a mettre en place ce fameux lâcher prise que pour ma 3eme après avoir eu un 2eme qui a explosé toutes les lignes (Précoce et hyper actif)!!mais quel plaisir de ne plus être en permanence dans le contrôle. Ma 3eme a 2 ans 1/2 et la peinture est son activité favorite, j’ai scotché du journal sur la table, elle se met en couche avec le tee shirt de peinture et ensuite elle fait ce qu’elle veut..et comme le tien elle aime se peindre les mains et les bras pour s’en servir comme pinceau/rouleau..ensuite je la mets dans la douche..
C’est mon enfant qui a la plus grande créativité, je ne l’ai jamais controlé dans ses activités et elle peut passer des heures a s’imaginer des histoires, à dessiner, a faire des légos..en fait elle n’a pratiquement pas besoin de moi et ne s’ennuie jamais..je viens de la retirer de la crèche car elle ne s’y épanouissait pas, tout était trop cadré, réglementé..on verra comment se passe la maternelle l’an prochain..